Pour l’autonomisation économique des femmes


IWD2022
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Il n’y a pas d’outil de développement plus efficace que l’autonomisation des femmes. – Koffi Annan

Les femmes rencontrent de nombreux obstacles à leur participation à l’économie qui peuvent être regroupés en deux types de contraintes structurelles : productives et socioculturelles.

Au niveau productif, les femmes entrepreneurs et les entreprises dirigées par des femmes sont limitées par le manque d’accès à la terre et aux principales ressources naturelles, le manque d’accès au financement (pour le fonds de roulement et l’équipement), le manque d’accès aux marchés et le manque d’accès aux compétences. Tout cela aggrave une situation qui conduit les femmes à se concentrer dans les secteurs à faible capital et à faible productivité de l’économie, travaillant pour la plupart dans le secteur informel. L’ampleur de l’emploi informel chez les femmes au Sénégal est un défi majeur que le Gouvernement du Sénégal devra relever au cours des 15 prochaines années.

Toujours au niveau productif, pour les femmes salariées, la participation limitée à l’économie résulte essentiellement d’un manque de compétences, à commencer par une prédominance des femmes dans les filières sociales du système éducatif et une participation limitée dans les filières techniques et d’ingénierie où des emplois à forte valeur ajoutée existent ou vont se développer dans les 15 prochaines années.

Les principaux obstacles socioculturels à la participation des femmes à l’économie que nous avons identifiés sont communs aux femmes entrepreneures et aux travailleuses rémunérées : le fardeau des soins non rémunérés (travail domestique) et l’impact de la violence basée sur le genre, sous ses différentes formes, sur la capacité des femmes à participer à l’économie. En effet, par rapport aux hommes, le travail de soins non rémunéré et le temps consacré par les femmes aux tâches domestiques et de soins est l’une des contraintes les plus importantes que les femmes rencontrent pour exploiter leur entreprise ou progresser dans leur développement professionnel en tant que salariées. Au Sénégal, les femmes consacrent près de 40 heures par semaine au travail de soins non rémunéré, contre moins de 5 heures pour les hommes.

La violence basée sur le genre affecte l’autonomisation économique des femmes et leur capacité à participer à l’économie à différents niveaux. Premièrement, sur le lieu de travail, les travailleuses subissent différents types de violence, y compris le harcèlement sexuel. Les travailleuses informelles de certaines professions telles que les employées de maison, les commerçantes transfrontalières, …, sont particulièrement exposées aux risques de violence liée au sexe. Deuxièmement, sur le chemin du travail, dans les transports publics et les espaces publics, et également dans le milieu scolaire, les femmes et les jeunes filles sont également exposées à des violences et harcèlement qui entravent la réalisation de leur potentiel économique. Troisièmement, la violence à l’égard des femmes et des filles sous la forme de pratiques néfastes, de mariages précoces, de violences sexuelles et de grossesses précoces, mais également de défaut d’alphabétisation des femmes (comparé aux hommes) limitent aussi gravement les possibilités de participation des femmes et des filles à l’éducation à court terme et à l’économie à long terme.

Mesures d’autonomisation des femmes
Autonomisation des femmesPour les femmes entrepreneures

Parmi les mesures spécifiques visant à améliorer la participation des femmes à l’économie en tant qu’entrepreneures figurent un certain nombre de réformes et de programmes visant à soutenir l’accès des femmes à la terre, au financement, aux compétences et aux marchés dans des secteurs et chaînes de valeur essentiels.

En outre, il sera essentiel de continuer à renforcer l’écosystème de l’entrepreneuriat féminin, en renforçant les capacités des associations et fédérations de femmes entrepreneurs et chefs d’entreprise, et en procédant à un diagnostic du climat d’investissement afin d’évaluer la façon dont les goulots d’étranglement du climat d’investissement (notamment la prépondérance du secteur informel) affectent les entreprises dirigées par des femmes en particulier.

Pour les femmes salariées
  • Promouvoir la participation des filles et des femmes dans les matières STEM dans l’enseignement secondaire et supérieur pour faire en sorte que les filles soient en mesure de saisir les opportunités d’emploi dans les emplois à haute valeur ajoutée actuels et émergents et dans les emplois à venir.
  • Réformes et législation visant à promouvoir l’égalité des chances dans les entreprises du secteur privé, notamment dans les domaines de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, des congés de paternité et de maternité, du harcèlement sexuel et du leadership féminin.
Mesures transverses (socio-culturelles)

Les actions de promotion de l’entrepreneuriat et du salariat féminin doivent s’accompagner d’initiatives publiques par le biais du marketing social, du mentorat et d’autres moyens de promouvoir des modèles positifs pour les filles et d’encourager la participation et le leadership des filles dans les secteurs à forte productivité de l’économie où les femmes sont peu présentes.

Le développement d’initiatives visant à promouvoir des infrastructures sûres, en particulier les transports urbains et les espaces publics tels que les marchés sera également essentiel au cours des quinze prochaines années pour améliorer la participation des femmes à l’économie en prévenant et en atténuant le risque de violence liée au sexe dans le contexte éducatifs ou professionnels.

La promotion d’un environnement socioculturel propice à la participation économique des femmes passera également par le renforcement de la maîtrise des femmes et des jeunes filles de leur santé reproductive, et le renforcement de l’alphabétisation des jeunes femmes.